Je sais ce que vous pensez : encore une marque confidentielle ! Mais lorsque le vice-président du département horlogerie de Christie’s New York, alias notre ami Eric Wind, nous a écrit pour nous dire qu’il avait déniché une montre de plongée néerlandaise qui valait le détour, nous nous sommes demandé ce qu’une jeune entreprise horlogère avait bien pu faire pour attirer l’attention d’un expert en montres vintage. Nous avons donc pris contact avec eux, fait livrer quelques montres à nos bureaux et, surprise, nous avons reçu une montre d’inspiration vintage, conçue selon les normes modernes.
L'histoire des montres Eza est sinueuse, comme c'est souvent le cas pour les marques de niche. Voici ce qu'il faut savoir : en 1921, un horloger allemand du nom d'Hermann Becker fonde un petit atelier de fabrication de boîtiers à Pforzheim, en Allemagne. À la fin des années 1950, l'entreprise fabrique également des cadrans et des mouvements de manufacture, ce qui conduit au lancement de la première véritable collection de montres Eza dans les années 1960. Mais Hermann Becker KG dépose le bilan peu après, durement touchée par la crise du quartz.
Près d'un demi-siècle plus tard, Eza Watches renaît grâce à deux amis, Diederik van Golen et Adriaan Trampe, qui ont lancé cette nouvelle activité à Rotterdam, aux Pays-Bas. Le duo assemble ses montres à partir de pièces provenant de l'étranger : les cadrans, les aiguilles et les index sont fabriqués en Allemagne, tandis que les boîtiers viennent de Hong Kong. On constate immédiatement que la société qui nous a envoyé la Sealander Automatic n'a que très peu de liens avec la marque d'origine. En effet, la Sealander est un modèle original, sans aucune ressemblance avec les montres habillées et excentriques que la marque produisait dans les années 60 et 70. Ce n'est pas forcément un défaut, mais il est important de le noter.
Cette petite montre de plongée s'apparente davantage à un hommage à plusieurs modèles emblématiques du milieu du XXe siècle, notamment l' Omega Seamaster 300 , la Blancpain Fifty Fathoms et la Rolex MilSub . Elle reprend et combine leurs caractéristiques les plus iconiques : des index rectangulaires de la Seamaster aux aiguilles en forme d'épée de la MilSub, en passant par les larges graduations qui rendent la lunette 60 minutes des premières Fifty Fathoms si particulière. Il s'agit en quelque sorte d'une montre hommage hybride.
La Sealander mesure 41 mm de diamètre et son boîtier est poli sur les côtés, tandis que le dessus des cornes est brossé. Le cadran arbore un discret réticule, un détail plus courant sur les montres habillées, qui attire le regard vers le centre et le détourne du guichet de date situé entre 4 et 5 heures. Les index des heures sont appliqués et remplis de Super-Luminova C3, qui offre une luminescence intense et prend une teinte patinée à la lumière.
Il ne fait aucun doute que cette montre de plongée d'inspiration vintage est élégante, mais il en existe certainement beaucoup d'autres similaires. La question est : la Sealander est-elle performante là où on attend d'elle, c'est-à-dire sous l'eau ? Eh bien, elle utilise une couronne vissée avec triple joint pour atteindre une étanchéité de 300 m, et la lunette tournante, élément si important et souvent très lâche sur les montres de cette gamme de prix, s'aligne parfaitement avec les index à chaque rotation. C'est donc un point positif.
Les rainures de la couronne sont assez larges, un avantage évident pour un plongeur ganté de néoprène, mais peut-être un peu trop tranchantes pour les personnes qui préfèrent la terre ferme. La prise en main à sec était désagréable.
La montre est animée par un mouvement automatique ETA 2824, un calibre robuste et fiable, produit en grande série en Suisse. Ce mouvement équipe d'innombrables montres-bracelets abordables, notamment pour des marques comme Sinn, Hamilton et Breitling. Eza Watches proposait initialement la Sealander avec un mouvement Citizen Miyota 9015, mais a finalement opté pour le mouvement suisse ETA après avoir essuyé des critiques (justifiées) concernant le prix élevé de son produit. Il est encourageant de voir une marque réagir ainsi plutôt que de faire comme si le problème n'existait pas.
Les nouveaux mouvements ETA 2824, offrant une réserve de marche de 40 heures, sont contrôlés personnellement par Adriaan (le cofondateur a étudié l'horlogerie à la Vakschool Schoonhoven, la même école que Bart Grönefeld ) et réglés à la main en six points avant l'assemblage. Mieux encore, Eza a décidé de ne pas augmenter le prix de la nouvelle montre, malgré un investissement plus important dans le mouvement.
La Sealander Automatic coûte 701,65 € (environ 782 $ au moment de la publication) et est disponible avec un cadran bleu ou noir, chacun doté d'une lunette en céramique assortie. Personnellement, je préfère le noir ; le bleu est un peu trop vif à mon goût. La montre est livrée dans un très bel écrin et est accompagnée d'un étui en cuir, d'un outil de changement de bracelet offert et d'un bracelet NATO. C'est un bel objet à déballer, assurément.
J'apprécie que les marques horlogères, surtout les nouvelles, proposent des idées novatrices, mais toutes n'y parviennent pas. La Sealander n'est certes pas la montre la plus originale, mais elle emprunte certaines des meilleures caractéristiques aux montres de plongée les plus emblématiques. Une fois assemblées, ces pièces pourtant si différentes forment un ensemble étonnamment cohérent, à un prix attractif.






